Un cépage est une variété de plant de vigne, ou raisin. Tel cépage déterminé constitue l'une des composantes d'un terroir viticole. La
vigne à
vin appartient à la famille botanique des Ampélidacées.
Des dix genres qu'elle comprend seul Vitis importe pour le vin. Dans l'Antiquité, Pline l'Ancien avait identifié 91 cépages différents et estimait leur nombre à plus de 400. Combien existe-t-il aujourd'hui de cépages dans le monde ? Tous les chiffres entre 3000 et 10000 ont déjà été donnés. Il semble cependant que l'on ait recensé sérieusement entre 8000 et 10000 cépages (dotés de plus de 40000 appellations locales), dont seulement quelques centaines sont aptes à la cuve. En 1802, Napoléon Bonaparte, alors Premier Consul, décidait de la création d'une pépinière dans le jardin du Luxembourg, celle-ci devait recenser toutes les vignes existant en France. Les rapports envoyés aux Préfets par les Maires des villes et villages nous informent que l'on cultivait alors en Savoie (département du Mont-Blanc), une trentaine de cépages pour les blancs et une quarantaine pour les rouges. Pour identifier et reconnaître les différents cépages on fait appel à une méthode de description très précise. Depuis 1951 les observations se font à l'aide de codes normalisés mis au point progressivement par l'Office International de la Vigne et du Vin, l'Union Internationale pour la Protection des Obtentions végétales, et l'International Plant Genetic Resources Institute.Cette méthode fait appel à l'observation de 88 descripteurs morphologiques purement ampélographiques qui concernent 8 organes pour 4 groupes de caractères.
LES DESCRIPTEURS MORPHOLOGIQUES DE LA VIGNE "Les
informations les plus utiles à la reconnaissance des cépages
sont contenues dans la morphologie des feuilles adultes, des jeunes
feuilles et du bourgeonnement. La variabilité des grappes et
des baies, utilisée historiquement par les premiers auteurs s'avère
insuffisante pour distinguer les cépages. Un descripteur est
en effet d'autant plus pertinent qu'il est variable entre plusieurs
cépages et qu'il est peu fluctuant au sein même du cépage
cultivé dans différentes conditions. Depuis peu, l'analyse du séquençage ADN de la vigne bouleverse nombre d'idées reçues quant aux origines de tel ou tel cépage et aux parentés existant entre eux. Nous attendons avec une grande impatience la publication des travaux du Dr José Vouillamoz sur l'ADN des cépages des Alpes (Savoie, Val d'Aoste, Valais). Son intervention lors de l'Assemblée Générale du Centre d'Ampélographie Alpine a beaucoup étonné le grand Pierre Galet maître de l'ampélographie française. Comment fonctionne l'identification génétique des cépages? "Si l'ampélographe étudie l'aspect extérieur, le biologiste moléculaire observe ce qui se trouve à l'intérieur de la plante : l'ADN. Celle-ci encode toute l'information génétique de l'organisme à l'aide de ses composants, les acides nucléiques. L'analyse consiste à prélever de l'ADN sur de très jeunes feuilles, d'une longueur de un à deux centimètres. "Une méthode d'analyse génétique spéciale faisant appel aux microsatellites a été perfectionnée à l'Agroscope FAW Wädenswil pour l'identification sûre et précise des cépages. Elle permet d'identifier les cépages en peu de temps sans l'aide d'un spécialiste. La banque de données en résultant contient en plus des cépages courants de nombreux cépages suisses typiques et anciens. Les données se basent sur la caractérisation aux six points de marquage recommandés par un groupe du projet UE GenRes 081 (European Vitis Database). Elles peuvent être comparées avec les données d'autres instituts à l'aide d'un codage international. Grâce à la nouvelle méthode beaucoup plus rapide et qui permet des comparaisons bien plus étendues, il a été possible, entre temps, d'identifier plusieurs cépages inconnus, de rectifier des erreurs de nomenclature et d'établir des nouveaux profils variétaux typiques. Ainsi, des noms de cépages que l'on croyait synonymes (Brigler, Hitzkircher) ont pu être attribués sans l'ombre d'un doute à deux profils génétiques différents. Inversement, des cépages que l'on pensait différents se sont avérés identiques. Il est prévu de rendre la banque de données accessible librement sur internet à l'avenir, afin de faciliter les comparaisons internationales." Et le meilleur reste à venir car la vigne (comme les autres plantes) conserve en elle une horloge moléculaire que l'on commence à décrypter et qui nous donnera l'époque à laquelle le cépage s'est créé. "Ne
peuvent être plantées, replantées et greffées
que les variétés recommandées et des variétés
autorisées" (art. 13 du
règlement CEE n°822/87). Appellation
régionale " Vin de Savoie " : Appellation "Vin de Savoie" (vins mousseux ou pétillants) : Pour avoir droit à la dénomination "Vin de pays d'Allobrogie",
les vins
doivent provenir des cépages suivants à l'exclusion de tous
autres : Les illustrations représentant les feuilles des différents cépages sont des créations VdS à partir des dessins de P. Gallet.
Ce chapitre se doit d'évoquer en premier le plus ancien cépage reconnu en Savoie : la Vitis Allobrogica que les Romains avaient trouvé à leur arrivée en 120 av. J.C. Ce raisin rouge à la maturité tardive cité par Pline l'Ancien et Columelle, était adapté à l'altitude et au climat local. Le médecin Celse la recommandait pour certaines affections de l'estomac. Hélas aucun auteur antique ne nous donne les clefs nécessaires à l'identification complète de l'Allobrogica et les ampélographes modernes ne savent pas précisément à quel cépage actuel la rapprocher, plusieurs hypothèses ont cours :
Pline pensait que le goût de résine qui caractérisait le vin des Allobroges était dû aux forêts de sapins qui entouraient le vignoble, Columelle qui avait étudié la fabrication du vin ne fit pas cette erreur et décrivit les procédés employés à l'époque pour aromatiser les vins avec de la résine (corticata).
Synonymes : Roussette, Roussette de Montagnieu, Roussette Haute, Fusette d'Ambérieu, Mâconnais, Prin blanc, Ignan blanc ... Origine : les traditions sont multiples. Elles rapportent que les premiers plants auraient été
ramenés de Byzance en 1367 par Amédée VI, ou en 1432
dans la dot d'Anne de Chypre mariée à Louis II de Savoie.
La légende est belle, mais l'analyse de l'ADN de l'Altesse prouve qu'elle n'a pas une origine orientale, pas plus qu'elle n'est apparentée au Furmin (Tokay de Hongrie) cher à Pierre Galet. Des analyses plus poussées confirmeront (ou non) une parentée avec le Chasselas.
Caractéristiques : cépage vigoureux à sarments étalés. Jeunes
feuilles avec des poils couchés blancs, très bronzées.
Feuilles adultes assez grandes, brillantes, faiblement bulbées.
Sinus latéraux supérieurs et inférieurs peu profonds.
Sinus pétiolaire ouvert en forme de U. Point pétiolaire
rouge. Dents en scie et ogivale. Grappes petites à moyennes, cylindriques,
compactes, souvent épaulées. Baies peu serrées de
couleur jaune- vert, rondes ou légèrement ovoïdes.
Pellicule épaisse, rosée à pleine maturité. Clones agréés : 265-403-404. Origine vignoble de Jongieux.
Le nom Chardonnay est emprunté à une localité viticole de Saône et Loire. Le Chardonnay appartient à la famille des Pinots, la plus répandue dans le monde. Il est souvent confondu avec le Pinot Blanc. C'est le cépage de base du Champagne. Il est peu propice comme raisin de table. Synonymes : Chardonnet avant le XXème siècle, Petite Sainte-Marie, Beaunois, Auxerrois, Blanc de Champagne, Pinot Blanc Chardonnay ... Origine : on dit qu'il a été importé en France par les Croisés, puis répandu en Bourgogne par les Bénédictins. Son ADN montre en fait qu'il est issu d'un croisement entre le Pinot et le Gouais. On reconnaît la valeur de ce cépage vers 1850. En 1958 c'est Galet qui attribue au Chardonnay sa caractéristique unique : le sinus pétiolaire dégarni, il le sépare ainsi du Pinot Blanc et le classe comme cépage propre. Aire de culture : il est cultivé avec plus ou moins de bonheur dans presque tous
les pays viticoles de la planète. 20000 ha en France : Bourgogne,
Champagne, Alsace, Mâconnais, Côte d'Or (Montrachet), Chablis. Le greffage est facile ; le Chardonnay demande une taille longue ; il est sensible au millerandage, à l'oïdium et au botrytis des baies mais assez facile à défendre contre le mildiou et la pourriture. Rendement généralement moins important qui doit être compris entre 67 et 78 hl/ha. Clones agréés : 75 - 76 - 77 - 78 - 95 - 96 - 116 - 117 - 118 - 119 - 121 - 122 - 124 - 125 - 128 - 130 - 131 - 132 - 277 - 352 - 414 - 415 - 548 - 549 - 809. Crus savoyards : le Chardonnay est cultivé dans la quasi totalité du terroir savoyard sans donner aucun cru particulier. Vin : si la maturité est insuffisante, le vin est mince et herbacé.
A maturité, le vin est vif, distingué, solide, titrant au
maximum 13°, de longue conservation, avec un goût fruité
et une acidité marquée, d'où la fermentation malolactique
et l'élevage en fût de bois.
Le nom Chasselas a été probablement emprunté à une localité viticole de Saône et Loire. Synonymes : Fendant, Bon Blanc, Crépy, Greffoux, Lardé, Blanchette ... Diverses variétés : Chasselas doré, rouge, rose, violet, cioutat. Ces variations
de couleur seraient dues à des différences de culture, d'ensoleillement,
de sol, etc. Le Chasselas donne aussi des raisins de table savoureux (A.O.C.
Moissac). Aire de culture : le Chasselas n'est présent qu'en Haute-Savoie où il occupe 70% du vignoble notamment dans le Bas-Chablais et sur le pourtour du Léman. On notera que sur la rive suisse du lac Léman le Chasselas s'exprime merveilleusement dans les fameux Perlants (Genevois), Fendants (Valais) et autres Dorins (Vaud).
Le Chasselas est un cépage précoce et très productif, il reprend bien au greffage. Conditions optimales de culture dans un sol fertile, protégé du vent. Il est souvent menacé par les gels tardifs, car les bourgeons secondaires sont peu fertiles. De vigueur moyenne, il est sensible aux maladies, notamment au péronospora, au black rot, à l'oïdium et au dessèchement de la rafle, mais résiste bien au botrytis et au mildiou. Maturité moyennement précoce, bon rendement compris entre 65 et 75 hl/ha. Clones agréés : 60-110-158.
L'origine du nom Gringet est inconnue. Synonymes : Roussette basse ... Origine : La tradition voudrait qu'il ait été rapporté d'Italie au Moyen Âge par des évêques, ou qu'il soit un cépage autochtone issu de l'adaptation d'un Traminer (bonjour aux vignerons Alsaciens) lui-même de la famille des Savagnins Jaunes (bonjour aux vignerons du Jura et du Valais en Suisse). De récents travaux autour de son ADN le présentent comme un cépage unique purement savoyard peut-être cousin de la Molette. Aire de culture : le Gringet occupe 11 % du vignoble haut-savoyard, il est cultivé dans la vallée de l'Arve, notamment sur les communes d'Ayze et de Marignier. Caractéristiques : cep vigoureux, feuilles petites, arrondies, souvent plus larges que
longues, généralement trilobées. Surface foliaire
bullée, peu recouverte de poils couchés, face intérieure
fortement tomenteuse. Grappes petites à moyennes, ramassées,
compactes. Baies petites, rondes à allongées, pellicule
épaisse vert ambré, saveur fine. Clone agréé : 947. Crus savoyards : un seul l'Ayze. Le Gringet donne aussi des vins tranquilles surprenants et agréables.
Selon Viala et Vermorel, le nom Jacquère serait celui du vigneron qui l'aurait importé en Savoie au XIIIème siècle. Cette hypothèse n'a pas été vérifiée. Synonymes : Plant des Abymes, Jacquière, Giboudot blanc, Martin Col Blanc, Robinet, Coufe-Chien ... Origine : l'origine de la Jacquère n'est pas clairement déterminée, il semble qu'elle soit issue d'un croisement entre le Gouais et un autre cépage encore non identifié. On parle déjà d'elle dans les chroniques qui relatent l'effondrement du Mont Granier en 1248. Elle sera connue comme le "Raisin des Abîmes" (cité par P. Tochon). C'est le principal des cépages du département de la Savoie depuis plus d'un siècle. Aire de culture : la Jacquère a su profiter du réencépagement après la crise phylloxérique, ainsi la surface cultivée en Jacquère représente 55 % du vignoble savoyard et 92 % dans l'Isère toute proche : près de 900 ha sont cultivés dans la cluse de Chambéry et la combe de Savoie. La Jacquère est également présente dans quelques régions du Portugal. Le sinus pétiolaire
est ouvert, la denture est large. La grappe de taille moyenne est constituée
de grains sphériques serrés qui s'ornent de nuances roses
et bronze à maturité. Ce cépage est très productif, son
rendement est fixé entre 67 et 78 hl/ha pour les A.O.C., et 65
et 75 hl/ha pour les A.O.C. suivis d'un nom de cru. Clones agréés : 529-658-769-788-923. Crus savoyards : Abymes, Apremont, Chignin, Cruet, St-Jeoire-Prieuré.
Synonymes : Pinot gris, Tokay d'Alsace (appellation aujourd'hui interdite car réservée aux seuls vins de Hongrie) ... Origine : c'est le cépage de la discorde : Malvoisie, Velteliner, Pinot gris ? Même combat ? Sans doute oui, car le terme Malvoisie correspond plus à une famille de cépages plutôt qu'à un cépage particulier. Il est pour l'intant impossible d'en préciser l'origine avec certitude : vient-il de Grèce, ou est-il le fruit d'une mutation sélectionnée du Pinot noir en Bourgogne ? L'ADN parlera. Aire de culture : le Malvoisie est principalement cultivé dans la combe de Savoie par quelques rares producteurs qui peuvent nous réserver de bien agréables surprises. Caractéristiques : Il est difficile à distinguer des Pinots noirs et blancs avant maturité des fruits. Grappes rouges-gris à rouge-bleu selon la maturité, de taille moyenne, cylindriques épaulées. Les baies sont rondes à allongées, tassées, la pellicule est mince. Le Malvoisie est peu sensible aux maladies et au gel mais sensible au botrytis. Le raisin est extrêmement sucré et excite souvent la convoitise des abeilles et des guêpes.
Le nom de Molette viendrait du savoyard "molèta" dérivé de mol, à cause du caratère tendre de ses baies. Synonymes : Molette blanche de Seyssel, Cacabois ... Origine : certains lui trouvent une ressemblance avec la Marsanne de la vallée du Rhône, y-a-t-il lien de parenté ? Aire de culture : limitée à la région de Seyssel où elle occupe 17 % des surfaces.
Crus savoyards : la Molette entre dans la composition de l'A.O.C. Seyssel mousseux avec la complicité de 10 % d'Altesse. Vinifiée en vin tranquille elle donne un vin d'Allobrogie qu'il est question de classer prochaînement en A.O.C. Vin : la Molette donne un vin blanc clair, assez alcoolique (bon potentiel en sucre), léger, un peu herbacé et très fruité.
On n'est pas d'accord sur l'origine du nom Mondeuse. Les uns pensent qu'il vient du savoyard "moduse" ou "mandousa" "espèce de raisin qui rend beaucoup de moût". Les autres disent qu'il dérive d'un terme de Suisse romande qui signifie "plant de vigne dont les feuilles tombaient avant la vendange". On manque
d'informations sur ce cépage, Pierre Tochon dit qu'elle est "un
plant isolé en Savoie, qui, ici pas plus qu'ailleurs, n'a formé de famille", il lui reconnaît cependant des
qualités incontestables. L'analyse de son ADN révèle que la Mondeuse blanche est un des géniteurs de la Syrah en ayant été croisée avec la Dureza (Ardèche). Synonymes : donjin en Savoie, dongine dans l'Ain. Aire de culture : la Mondeuse blanche n'est cultivée que par de rares producteurs et il faut bien reconnaître que les résultats sont inégaux. On a notamment entendu à propos de l'une : "plus plate, elle ferait creux !" On peut la trouver en Combe de Savoie et dans la cluse de Chambéry où de plus en plus de vignerons sont séduits par ses qualités.
Le nom Roussanne vient du franco-provençal "rossana", raisin que l'exposition au soleil a rendu de couleur rousse. Synonymes : Bergeron, Barbin ... Origine : si l'on ne connaît pas son origine exacte (probablement la vallée du Rhône), il est certain que son introduction en Savoie est très ancienne. La Roussanne donne dans la vallée du Rhône les rares vins blancs d'Hermitage et de Châteauneuf-du-Pape. Aire de culture : cluse de Chambéry, particulièrement à Chignin. Chignin. Le vignoble de Torméry Caractéristiques :"Elle
demande deux fois plus de temps et deux fois plus de soins"
selon un de ses plus éminents producteurs. La Roussanne est un
cépage très peu productif à maturité tardive, très sensible à la pourriture grise.
Le cep est vigoureux, la feuille aux dents arrondies est moyenne aux lobes
bien marqués, de couleur vert grisâtre. La grappe est moyenne,
les grains sont sphériques, eux-aussi de taille moyenne et de couleur
dorée tachée de rouille, pain d'épice à pleine
maturité. Clones agréés : 467-468-469-522.
Synonymes : Gamay noir ... Origine : si Gamay est le nom d'un village bourguignon situé entre Meursault et Santenay il n'a probablement pas donné son nom au fameux cépage dont l'origine est difficile à certifier : certains auteurs la situent dans le Beaujolais quand d'autres affirment que le Gamay était cultivé en Galles du sud-est avant l'occupation romaine... Aire de culture : le Gamay est cultivé principalement en Bourgogne, dans le Beaujolais, dans la Loire et en Auvergne. Il est probable qu'il n'a été introduit en Savoie qu'après la crise phylloxérique. Grâce à sa grande faculté d'adaptation il couvre aujourd'hui 18 % de la surface du vignoble savoyard, 14 % de celui de l'Ain et 5 % de l'Isère, c'est le cépage rouge dominant. Caractéristiques : plant peu vigoureux mais fertile, à sarments érigés. Les feuilles en dents de scie sont de taille moyenne, lisses et planes, de couleur vert clair qui rougit partiellement en automne. Le sinus pétiolaire en forme de V est ouvert. Les grappes sont nombreuses, elles aussi de taille moyenne, cylindriques et compactes Les
grains moyens, légèrement allongés, de couleur violet-bleu
presque noir avec un film cireux. La pellicule est mince, la pulpe est
juteuse. De maturité précoce le Gamay a un bon rendement,
même s'il est assez sensible à toutes les maladies de la vigne. Sa teneur en alcool avoisine naturellement les 11°.
Vin : titrant au maximum 13°, les vins sont en général pourpre
clair, pauvres en tanins, frais avec des arômes caractéristiques fruités
de fruits rouges et un nez de rose fanée. On est souvent plus sensible "au charme de sa fraîcheur juvénile
qu'au bouquet qu'il pourrait élaborer au fil des ans",
il est vrai qu'il est moins propice au vieillissement que la Mondeuse.
On n'est pas d'accord sur l'origine du nom Mondeuse. Les uns pensent qu'il vient du savoyard "moduse" ou "mandousa" "espèce de raisin qui rend beaucoup de moût". Les autres disent qu'il dérive d'un terme de Suisse romande qui signifie "plant de vigne dont les feuilles tombaient avant la vendange". Synonymes : Bon-Savoyan, Savoyen, Maldoux (Jura), Persaigne (Ain), Mandouze, Molette noire, Tournarin, Gros Plant. Surnommée dans la vallée de la Rochette "la mère du vin". Origine : la Mondeuse est un cépage autochtone historique de la Savoie (cf.Vitis Allobrogica). Elle est apprentée génétiquement à la Syrah (mère, grand-mère, cousine ?). A la veille de la crise phylloxérique, elle couvrait plus de la moitié du vignoble savoyard. Après avoir failli disparaître elle recouvre aujourd'hui une certaine notoriété et conteste le premier rang commercial du Gamay. Aire de culture : si son berceau est sans conteste la Savoie, on la retrouve sous d'autres noms dans l'Isère, l'Ain et le Jura. La Mondeuse est cultivée en Californie et en Oregon sous le nom de Refosco, sans avoir aucun lien avec le Refosco italien ; comprenne qui pourra. Il semble que la Mondeuse soit également présente en Italie sur les pentes de l'Etna, en Suisse, en Argentine, en Australie et en Nouvelle-Zélande. La Mondeuse est cultivée tout particulièrement dans la Combe de Savoie où elle représente 10 % du vignoble. Elle donne sa meilleure expression dans les crus Arbin et Saint-Jean-de-la-Porte ; on peut aussi la trouver sur la quasi totalité des terroirs savoyards. En 1996 la surface plantée en Mondeuse est en pleine progression et avoisine les 220 ha.
Vin : C'est toujours le Dr Guyot qui, en 1863, nous donne son sentiment sur la Mondeuse : "Le cépage de Mondeuse est admirable pour les qualités hygiéniques de son vin, pour l'intensité et l'agrément de son bouquet, et pour le velouté et la plénitude de sa saveur". Quelques rares producteurs élaborent la Mondeuse en rosé, cela donne un rosé atypique et fort plaisant, aux arômes de petits fruits rouges, de romarin et de violette. A conseiller à tous ceux qui en ont assez des rosés passe-partout.
Selon le Chanoine A. Gros, le nom Princens (qui donnera Persan) viendrait du mot "prin" qui en patois et en vieux français signifie premier, et du mot "cens" qui signifiait la redevance perçue par les seigneurs pour l'utilisation d'une terre. Princens désignerait donc des terres de première qualité à propos desquelles on devait payer l'impôt le plus élevé. Cette étymologie est cependant contestée. Synonymes : Princens, Becuette, Petit-Becquet, Posse de chèvre ... Origine : ce cépage très ancien en Savoie était aussi réputé que la Mondeuse avant la Seconde Guerre mondiale. En 1863, le Docteur Guyot émettait l'hypothèse que le Persan serait un Pinot transformé par le sol et le climat de la Savoie. Aire de culture : on en cultivait (entre Isère et Savoie) 201 hectares en 1958 contre 3 hectares en 1994. Le Persan qui a régné sans partage sur la vallée de la Maurienne (on aurait identifié son berceau à Hermillon) n'a malheureusement pas résisté à la crise phylloxérique, ni à la forte industrialisation de l'après-guerre. Aujourd'hui il subsiste péniblement dans la combe de Savoie et en basse Tarentaise chez quelques vignerons qui tentent avec bonheur de lui redonner ses lettres de noblesse. Caractéristiques : cep au bois dur, feuilles vert foncé de taille moyenne, rondes à trois lobes. Sinus pétiolaire ouvert en V. La grappe est conique de taille moyenne. Les grains de forme olivoïde sont assez fermes, la peau est résistante mais a tendance à flétrir pendant la maturation. Le persan est très sensible à l'oïdium et au mildiou. La maturité un peu tardive du Persan l'expose aux gelées de printemps, bon rendement. En 1931 le Docteur Paul Ramain écrit dans son livre "Les Grands Vins de France" : "Le Princens Rocheray est à mon avis le plus grand vin rouge de Savoie ( ). Riche en bouquet, stimulant, corsé (12°), de haute garde, très velouté, faisant "la queue de paon dans le gosier" avec un violent et persistant parfum de framboise (Clos de Rocheray) ou de violette (Clos des Petites-Ripes et de Bonne Nouvelle), il reste cinq ans, en fût dans une cave très froide et ne se boit qu'à l'âge de 15 ou 20 ans. Vraiment ce vin qui ne ressemble à aucun autre vin fin de France est digne d'une table princière et d'un palais gastronomique des plus avertis !" Aujourd'hui le persan est de retour en Maurienne du côté d'Hermillon et de St Jean de Maurienne dans des expériences dont les minutes seront comptées sur VdS. L'aventure promet d'être intéressante car nous avons dégusté (décembre 2008) un magnifique Persan 2006, récolté à 1000 mètres d'altitude du coté d'Orelle et qui ne titrait pas moins de 13,5° !
Le nom Pinot est probablement dérivé de "pomme de "pin" à cause de la forme de sa grappe Synonymes : Pinot noir de Bourgogne, Auvergnat, Bourguignon noir, Cortaillod ... Origine : il existe une famille complète et complexe de Pinot : le Pinot blanc, le Pinot gris (voir Malvoisie), le Pinot Meunier. Il est probable que ce cépage proche des vignes sauvages de l'ouest de l'Europe, a été sélectionné et cultivé dès l'occupation romaine. Le Pinot noir a été introduit en Savoie après la Seconde Guerre mondiale où il s'est très bien acclimaté. Aire
de culture : il entre dans la composition d'une grande variété
de vins français comme le Crémant d'Alsace, le Sancerre
rouge, le Bourgogne Passetoutgrains ou le Bouzy.
Son rendement est fixé entre 62 et 72 hl/ha pour les A.O.C., et 60 et 69 pour les A.O.C. suivis d'un nom de cru. Clones agréés : 111 - 112 - 113 - 114 - 115 - 162 - 163 - 164 - 165 - 236 - 292 - 372 - 373 - 374 - 375 - 386 - 388 - 389 - 459 - 460 - 461 - 462 - 521 - 528 - 583 - 617 - 665 - 666 - 667 - 668 - 743 - 777 - 778 - 779 - 780 - 792 - 828 - 829 - 870 - 871 - 872 - 927 - 943. Crus savoyards : le Pinot est principalement reconnu dans les crus de Chautagne et de Jongieux. Vin : bien charpenté, complexe, corsé et chaleureux, d'un rouge rubis profond, arôme très fin de framboise, nez floral très charpenté. Il peut titrer de 11,5° à 13°. Le Pinot peut se conserver longtemps et procurer de belles surprises.
Ces
cépages n'entrent pas dans la composition d'une Appellation d'Origine Contrôlée,
mais méritent que l'on dise quelques mots de leur personnalité.
Nous avons eu la chance de découvrir quelques très anciens plants de ce cépage à Marin sur les hauteurs du lac Léman. Les pieds avaient été plantés avant la crise phylloxérique à la base de troncs de chataîgniers pour faire les fameuses crosses de Marin. Synonymes : Gouche blanche ou Guy blanc de la Tarentaise... De récentes analyses ADN ont montré que ce cépage appelé Weisser Heunisch en Allemagne, avait en réalité été très fréquemment utilisé dans des croisements, sans doute en raison de sa vaste prolifération passée et de sa sécurité de rendement. Sa descendance est prestigieuse et se nomme Riesling, Elbling, Räuschling, Silvaner, Aligoté et Chardonnay du côté blanc. Dans la lignée rouge, on est surpris de trouver les cépages Cabernet Sauvignon, Gamay, Syrah et Zinfandel alias Primitivo, ou encore le Blauer Scheuchner. Le Gouais est bien comme le dit José Vouillamoz le "Casanova des cépages" !
Chair molle et juteuse, un peu sucrée, à saveur simple un peu astringente. Peau un peu mince, d'un vert jaunâtre à l'exposition du soleil, 2ème époque de maturité. Sarment vigoureux et très fertile. Vin : la réputation du Gouais est médiocre depuis le Moyen-âge. C'est sans doute le manque de qualité de son vin qui explique sa disparition progressive.
Origine : On ne connait pas formellement l'origine de ce cépage qui a été un temps rappoché de la famille du Riesling, ce qui a été démenti. L'hypothèse la plus plausible serait que la Rèze soit un descendant du Prié valdôtain, importé par le col du Grand-Saint-Bernard. On trouve une première trace écrite sur la Rèze dans Registrum cancellarie sedunensis de Vercorens de Anivesio 1288-1314 un registre d'actes du Val d'Anniviers, ce qui en fait un des plus anciens cépages cultivés dans le Valais. Pendant des siècles, la Rèze fut un cépage dominant en Valais, elle a considérablement régressé depuis pour n'occuper que 21,285 ha en 2008. Aire de culture : La Rèze est cultivée dans le Valais Suisse. Elle a retrouvé depuis peu son terroir ancestral de Maurienne. Synonymes : Mauvaise rèze, Petite rèze, Raise, Räsi, Ressi, Blanc des Evêques, Blanc de Maurienne. Description : Grappes de taille moyenne, simples et lâches. Baies de taille moyenne, jaunes ou légérement rosées. Feuilles de taille moyenne, fortement découpées. Sinus pétiolaire assez large en U ou en V. Vin :
La Rèze était autrefois utilisée pour la fabrication du mythique" Vin des Glaciers", vin oxydatif créé par l'adjonction dans des fûts de mélèze de chaque nouveau millésime aux précedents ; elle a été remplaceé par le Gutedel.
Origine : inconnue. La Douce-Noire est reconnue depuis le 26 mai 2011 comme un synonyme officiel du Corbeau. Aire de culture : avant la crise phylloxérique, la Douce-noire était cultivée dans une région comprise entre la Vallée de la Saône et celle de l'Isère, des rives du Rhône depuis sa sortie de Suisse jusqu'à la jonction avec l'Isère. En 1958 (année de son interdiction), la Douce-noire était le deuxième cépage le plus cultivé en Savoie, après lJacquère ; elle était plantée avec le Persan, la Mondeuse et en règle générale, elle était associée a d'autres cépages dans des proportions plus ou moins grandes et donnait d'après Pierre Tochon "aux vins d'Arbin et de Montmélian un caractère tout à fait spécial". Synonymes : Corbeau, plant de Moirans dans le Rhône, Mauvais-noir, Provereau ou plant de Calerin dans l'Ain, plant de Montmélian, plant de Savoie, gros noir, plant de Chapareillan, Charbonneau ou Charbono en Savoie et enfin Batiollin à Albertville et plant Noir en Haute-Savoie.
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